Ciné/La panthère des neiges

Direction le Tibet, dans les pas du grand photographe animalier, Vincent Munier, pour une heure trente au sommet du monde, sur des plateaux arides, au cœur d’une nature préservée, pour dénicher un animal mythique qui s’est bâti la solide réputation d’être particulièrement inaccessible : la panthère des neiges. 

Embarqué avec lui, Sylvain Tesson s’initie à l’art délicat de l’affût, emmitouflé dans ses vêtements rembourrés, à la lecture des traces et… à la patience, au temps long. Il apprend aussi à regarder et à voir.

© Marie Amiguet/Pierre Laporte. Vincent Munier et Sylvain Tesson à l’affût.

La panthère des neiges, le photographe l’a déjà cherchée. Et sans le savoir, il le découvrira bien plus tard dans le contre-jour d’un cliché rapporté d’une de ses expéditions, il l’a déjà croisée. Elle l’a vue. Lui non. Il s’agit cette fois de ne pas la rater.

Sur ses traces, les deux explorateurs croiseront beaucoup d’autres animaux : des oiseaux fragiles, des chats sauvages qui n’ont rien de commun avec nos gentils compagnons de salon, des buffles, bêtes énormes, brutales, trois ours en promenades qui repèrent la présence des deux hommes qui ne s’y frotteront pas trop tout de même… Le tout dans des paysages à couper le souffle.

Le film se nourrit aussi des échanges entre les deux hommes, de leurs réflexions entre l’apprentissage de l’un, la sagesse, l’osmose avec la nature de l’autre et « transmettre l’émerveillement, suivre le rythme lent de la nature dont on s’imprègne complètement au fil des heures et des observations », explique le photographe.

Non, c’est pas la panthère… Vous la découvrirez en allant voir le film. Ici, c’est un gros chat Manul très sauvage.

Le documentaire est magnifique, lumineux, dépaysant à l’extrême, rempli de silences et de poésie, peu troublé par les commentaires de Sylvain Tesson, dont je goute peu le style d’écriture, et complètement apaisant, détendant. Par moment, les photos de Vincent Munier prennent le pas sur le film. Elles montrent combien la photographie l’emporte sur l’image animée dans l’art de fixer l’essentiel, l’instantané, de saisir la beauté, dévoilant une sorte de vérité appartenant à ces bêtes. A l’écran, ce sont de purs moments de grâce. On ne peut qu’abonder quand Vincent Munier expliquer qu’il a choisi de montrer ce qui est beau plutôt que de « creuser le désespoir »

Et quand la panthère parait… « La première rencontre est forcément inoubliable, raconte Vincent Munier. Comme toutes les premières fois essentielles : avec le lynx boréal chez nous en France, que j’ai attendu pendant 15 ans, après moult bivouacs… Je l’entendais feuler, mais de là à le voir ! Et enfin, le jour où il se montre, on approche quelque chose de l’ordre de l’absolu, qui nous hante pendant longtemps. De même, je me sens hanté par le souvenir de la présence fantomatique de la première meute de loups blancs que j’ai observée dans le Haut Arctique canadien. On finit par se demander si ces visions relèvent du fantasme ou de la réalité, tant elles nous habitent. Et il n’y a pas que l’image ! Les odeurs, les bruits : tout nous imprègne durablement. Quelque chose d’extérieur à nous vient se loger en notre intérieur, et nous met en mouvement. Comme l’a fait le tout premier chevreuil que j’ai photographié à l’âge de 12 ans, et qui a fait basculer ma vie. Voilà l’effet que produit la panthère des neiges sur moi encore aujourd’hui »

On sort du cinéma un peu suspendu, une folle envie d’aller faire un tour en forêt dans les jambes. On ne sait jamais, on pourrait croiser ce fameux chevreuil…

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2 commentaires sur “Ciné/La panthère des neiges

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