Non, aucune actualité particulière pour ce concerto pour violon créé pour la première fois en 2017. Juste une découverte fascinante que j’avais envie de partager avec vous. Qui en effet n’a jamais croisé la souffrance ?
Le compositeur de ce concerto, Qigang Chen, est chinois. Né à Shanghai en 1951, il est issu d’un milieu artistique, son père est directeur de l’Académie des Beaux-Arts. Au moment de la Révolution culturelle, Qigang Chen a une quinzaine d’années et il a déjà commencé sa formation musicale. Il est envoyé dans une caserne où il restera emprisonné pendant trois ans afin d’y subir une « rééducation idéologique ». Plusieurs de ses amis musiciens, enfermés comme lui et avec lui, perdront la raison. Malgré tout, toujours passionné, il poursuit sa formation à la composition. La situation va progressivement s’améliorer à partir de 1977.
Dernier élève d’Olivier Messiaen
En 1983, il est reçu premier au concours national de Pekin, ce qui l’autorise à partir pour l’étranger afin d’y poursuivre des études de troisième cycle en composition. Il arrive en France en 1984 – il sera naturalisé français en 1992 – pour y être, entre autres, l’élève d’Olivier Messiaen qui va le « réveiller ». Il sera aussi le dernier élève du maître.

Ce n’est pas cette histoire déjà marquée par les épreuves qui va conduire Qigang Chen à écrire ce concerto, mais la mort brutale de son fils Yuli, âgé de 29 ans, dans un accident de voiture en 2012. « Mon fils était né sous la politique de l’enfant unique, et tous nos idéaux s’étaient construits autour de lui. Cette perte soudaine signifiait que nous étions laissés sans ancrage, et que nous devions repenser le sens de la vie… », raconte le compositeur à un journal chinois.
La musique au-delà des mots
Il retourne en Chine et compose. Désolation, solitaire, divinement solitaire, excité par des illusions, soulagement mélancolique, la beauté de la souffrance, la beauté solitaire, se laisser emballer par la folie, chant déchirant, une lueur de lumière. Autant de mouvements successifs, unis entre eux en un seul grand mouvement, qui alternent les différents moments d’un deuil vécu entre déchirement et apaisement. La musique s’attache à montrer les deux faces d’une inénarrable douleur jusqu’à découvrir la force que donnent les épreuves. Pour Qigang Chen, « parce que la musique est abstraite, qu’elle se déroule sur trois dimensions, elle est l’art qui peut le mieux exprimer ces sentiments humains, qui sinon restent sans forme et ne peuvent se dire par le langage. Le deuil est un état intérieur tellement inexprimable, une émotion réservée à soi-même, impossible à communiquer à travers des mots ».
D’un point de vue musical, le compositeur fait sienne cette phrase de son maître, Olivier Messiaen qui disait que « le meilleur moyen de jugé une pièce, c’est de mesurer son honnêteté et son authenticité » et il s’attache simplement, très librement, à exprimer ce que son « cœur ressent ». C’est bien ce qui traverse cette oeuvre extrêmement équilibrée, qui ne verse jamais dans le pathos mais exprime en toute sincérité les états bouleversés d’un coeur. Et c’est probablement pour cette raison que le concerto vient faire vibrer nos propres harmoniques.
Mais place à la musique, je vous laisse avec Maxime Vengerov au violon et l’orchestre symphonique de Shanghai dirigé par Long Yu. J’espère que, comme moi, vous vous laisserez rejoindre, toucher…
Source principale : France Musique, Musicopolis, 3 décembre 2021.
Quelle résilience ! belle influence de la musique asiatique, sensible, mais un brin trop sensible …. le jeu du violon larmoyant m hérisse un peu le poil, mais ce n est pas mon instrument préféré …. Cette musique est intéressante et pourrait très bien servir au générique d’un film chinois. On en sort étourdi.
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Perso, j’aime énormément !
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