Musique/Marc Bouchkov, violoniste impétueux

Est-ce par hasard qu’on découvre un artiste ? Qu’on se laisse toucher, rejoindre par un jeu, une interprétation particulière ? Je ne saurais pas répondre mais en entendant pour la première fois jouer Marc Bouchkov, j’ai été immédiatement séduite par la grande sensibilité de l’artiste soutenue par une technique impeccable. Vous savez, ces moments où vous vous laissez emporter par l’âme d’une pièce virtuose en oubliant qu’elle est impossible à jouer…

Un artiste accompli

Impétueux. En fait, on pourrait adjoindre certain nombre de qualificatifs à ce musicien brillant et « touche à tout ». Un petit détour sur son compte Instagram achève de vous convaincre. Vous verrez ses doigts sur un piano, pincer les cordes d’une guitare, d’une basse et, pour notre plus grand plaisir, vous le découvrirez jouer, archer et violon en main, en solo, avec des formations musicales… Si les instruments sont variés, les répertoires le sont aussi, jusqu’à proposer un rap savoureux pendant le confinement : « J’attends avec impatience que ça s’finisse. J’irais dans la rue serré l’premier venu » ! 

Né en 1991, Marc Bouchkov fait partie de la nouvelle génération de musiciens. Il est issu d’une famille de grands musiciens et commence son apprentissage sous la houlette de son grand-père, Matis Vaytsner, qui lui offre son premier violon. Il n’a alors que 5 ans. Dès l’année suivante, il donne son premier concert public. Le Conservatoire de Liège dit de son jeu qu’il « se fonde sur une connaissance approfondie des partitions et de leur contexte historique, favorisant l’authenticité de son interprétation ». Son parcours est jalonné de bout en bout de prix prestigieux.

Des œuvres majeures

Bon revenons à notre CD… Marc Bouchkov, accompagné du pianiste ukrainien Gregogiy Dubko, joue deux pièces d’Eugène Ysaÿe, le « maître du violon », qui font une large place au violon solo. Le compositeur, qui est aussi violoniste virtuose, écrit des pièces aux « courbes mélodiques » et à « l’harmonie naturelle typique de l’art nouveau ». Le choix de l’interprète se fixe sur deux œuvres originales, dont l’une, la fantaisie op. 32, n’avait jamais été enregistrée. Et c’est un pur plaisir. Le poème d’Ernest Chausson, quant à lui, une œuvre majeure du répertoire pour violon, est dédié à Eugène Ysaÿe et trouve naturellement sa place dans ce disque. 

Enfin, et c’est aussi tout le charme de ce CD, la « fantaisie pour violon seul » et la « mélodie » ont été composés par Marc Bouchkov lui-même en 2015 à partir de deux thèmes de la musique folklorique ukrainienne. Le dernier morceau est un hommage à son arrière-grand-mère, rescapée de la Shoah, qui « chantonnait toujours de petits airs qui emplissaient le cœur d’un optimisme incertain, triste » raconte le violoniste. Le résultat est très touchant.

Le programme choisi permet à Marc Bouchkov de jouer sur toute la gamme des émotions, avec finesse et en même temps beaucoup d’énergie : de la tendresse, de l’expression, des notes qui s’enchainent à une vitesse folle, librement, dans une interprétation très ajustée et très assumée… C’est beau, évidemment. Epoustouflant. Et il donne de surcroit l’impression de bien s’amuser ; un talent qui s’impose de lui-même. On reste sans voix. Alors, je me tais et je vous laisse juger…

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