Livre/Demeure, François-Xavier Bellamy

« Il faut absolument parler aux hommes », Antoine de Saint Exupéry.

Après deux mois de confinement, je vous propose de revenir au réel en prenant le chemin de la philosophie avec ce petit traité dense, érudit, didactique qui met en lumière les raisons profondes des crises persistantes que traverse la société moderne.

« La modernité est, dans l’histoire humaine, la première conception du monde qui ait inversé le rapport au temps que toutes les sociétés avant elle semblent avoir partagé : l’héritage avait toujours été valorisé ; désormais, seul l’avenir compte. C’est de ce renversement que procède la crise que nous vivons »[1].

Le livre s’adresse à tous les curieux, désabusés, inquiets, naufragés, laissés pour compte d’un monde qui court sans plus savoir pourquoi, sans plus savoir s’arrêter, happé par un « mouvement perpétuel » dénué de sens. Il propose la traversée à grands pas d’un monde devenu hors de contrôle.

«  Il n’y a de progrès véritable que si quelque chose demeure dont nous pouvons nous approcher. C’est pour cette raison que le monde du mouvement perpétuel est désespérant »[2].

De la révolution copernicienne au surhomme, la mise en équation de nos vies ruine l’humanité. « Pour suivre la marche forcée du progrès, tout doit être amélioré, jusqu’à l’homme lui-même »[3]. Que ce soit la science, la santé, l’économie, les relations humaines, les conséquences d’une « société liquide », de flux, s’imposent dans tous les aspects de la vie.

Tout en répondant à la question du « pourquoi », François Xavier Bellamy, normalien et agrégé de philosophie, s’attache aussi à répondre à celle du « comment » et c’est un bonheur pour l’esprit de suivre la pensée de cet auteur qui étaye son raisonnement sur la pensée des philosophes : Platon, Héraclite, Aristote pour les antiques, mais aussi sur celle de Nitzsche, Boch, Radkowski…  et aborde aux intuitions de la littérature.

Le texte s’ouvre en effet, sur une lettre d’Antoine de Saint-Exupéry, jamais envoyée. Ecrite une nuit d’angoisse de l’été 1943, elle était adressée à un général inconnu. Elle sert de trame à toute la réflexion de l’auteur qui, in fine, invite à retrouver les mots, pour renouer avec le sens et réapprendre à habiter notre monde.

Ce livre offre un regard aussi puissant que consolant sur les dérives actuelles. A lire absolument.

Fiche technique du livre
Auteur : François-Xavier Bellamy
Editeur : Flammarion Champs essais
Nb de pages : 274 pages, 2018
Genre : Philosophie


[1] P. 133. – [2] P. 159. – [3] P. 12.

Photo tête d’article : composita de Pixabay.

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