Noël/La crèche aux mille santons

En ce jour de Noël, je vous propose de renouer avec une tradition ancienne, celle des crèches. Et je vous invite à découvrir l’une des plus belles de Paris, celle de la Paroisse Saint François Xavier : la crèche aux mille santons.

A l’origine, l’idée d’un curé qui propose à ses paroissiens d’offrir à l’Église un santon. La paroisse est grande… les santons seront nombreux, aujourd’hui près de 1500. Aussi désormais, la mise en place chaque année prend une quinzaine de jours entre repérages, identifications des reliefs et préparation des mises en scène. Il ne s’agit pas seulement d’installer les figurines, il faut encore les insérer dans un décor montagneux, riche de fontaines, d’églises, de maisons, d’arbres, presque de forêts, d’un port et de ses bateaux… Au fur et à mesure, les plans étant de moins en moins accessibles, il ne faut rien laisser au hasard. Le montage commence par le fond et les côtés. Il se termine par la scène de la nativité, au premier plan.

Installation de la crèche de Saint François-Xavier – Préparatifs

Pour les croyants, la crèche rappelle un message fondamental, celui d’un Dieu qui s’incarne, c’est à dire qui prend la condition des hommes, qui devient l’un de ses semblables, se révélant à eux sous les traits du plus vulnérables, puisque c’est celui d’un nouveau-né. Le Pape François explique que « la crèche (…) est comme un Evangile vivant », elle invite à « se mettre spirituellement en chemin »[1]. Le Saint-Père invite à la redécouvrir, à la recréer pour la rendre de nouveau vivante.

Giotto – La légende de Saint-François : l’institution de la crèche à Greccio (1297-1300)

C’est en 1223, à l’initiative de Saint François d’Assise, que nait la première crèche à Greccio, dans la province de Rieti, en Italie centrale. « Quinze jours avant Noël, François appela un homme du lieu, nommé Jean, et le supplia de l’aider à réaliser un vœu : ‘Je voudrais représenter l’Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu’il était couché dans un berceau sur la paille entre le bœuf et l’âne’ »[2]. L’homme se hâte de «  préparer, à l’endroit indiqué, tout le nécessaire selon la volonté du Saint ». Et le 25 décembre, « de nombreux frères de divers endroits vinrent à Greccio accompagnés d’hommes et de femmes provenant des fermes de la région, apportant fleurs et torches pour illuminer cette sainte nuit. Quand François arriva, il trouva la mangeoire avec la paille, le bœuf et l’âne. Les gens qui étaient accourus manifestèrent une joie indicible jamais éprouvée auparavant devant la scène de Noël. Puis le prêtre, sur la mangeoire, célébra solennellement l’Eucharistie, montrant le lien entre l’Incarnation du Fils de Dieu et l’Eucharistie. À cette occasion, à Greccio, il n’y a pas eu de santons : la crèche a été réalisée et vécue par les personnes présentes »[3]. La tradition nait d’une expérience commune de joie, « sans aucune distance entre l’événement qui se déroule et ceux qui participent au mystère ». Pour le Pape, la crèche est une invitation à « sentir » et à « toucher » la pauvreté choisie par Dieu pour rencontrer l’homme.

Installée au début de l’Avent, la crèche est visible jusqu’au 2 février prochain. Si vous passez du côté des Invalides, arrêtez-vous, choisissez-vous un santon et installez-vous avec lui dans la crèche… Belle fête de Noël à tous !


[1] Lettre apostolique, Admirabile Signum, Pape François, 1er décembre 2019. [2] Thomas de Celano, Vita Prima, n. 84 : Sources franciscaines (FF), n. 468. [3] Cf. ibid., n. 85 : FF, n. 469.

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