Ciné/Hors normes

Le film porte bien son titre, il est effectivement hors normes. Hors normes par la thématique abordée, on ne peut pas dire que ce soit un sujet « tendance », hors normes par les rencontres qu’il suscite entre éducateurs, jeunes en situations d’échecs majeurs à qui on donne une chance extrême, qui se relèvent grâce des patients imprévisibles, hors normes parce qu’il parle aussi d’une amitié féconde entre un juif, Bruno, et un musulman, Malik.

Un film qui rend plus humain

Et c’est un film comme on les aime. Porté par une belle épaisseur humaine. Un film qui parait sortir d’un autre monde, une sorte d’apax du cinéma parce que les héros qu’il met en scène, à qui il rend hommage sont des adolescents, de jeunes adultes cabossés, enfermés en eux-mêmes : ils sont autistes.

Autour d’eux des hommes et des femmes de cœur se dévouent. Et dans ce type de rôles, on n’aurait pas donné cher de Vincent Cassel qui est pourtant remarquable. Il déploie un jeu impressionnant de justesse d’autant que les acteurs qui lui donnent la réplique, autistes dans la vie de tous les jours, ne font pas semblant. Avec ce film, il sort des sentiers battus, pour donner à son personnage une impressionnante humanité, une touchante réalité. Et il le fait avec un vrai bonheur, de quoi nous enchanter. Il explique : « J’avais pas mal de scènes avec Benjamin (NdlR : Joseph dans le film). Quand on joue avec les autistes, le texte, c’est une espèce de toile de fond dans laquelle on essaie de retomber quand il y a des choses qui sont vraiment importantes au niveau de l’information qui doit être distillée dans le film, mais sinon il faut composer avec lui, qui dira ce qu’il veut, quand il veut ».

Reda Kateb qui lui donne la réplique n’est pas en reste. Le public ne s’y est pas trompé, Eric Toledano et Olivier Nakache qui était déjà à l’origine d’Intouchables, nous offrent, cette fois encore, du grand cinéma.

Et d’âme, heureusement, ce film en regorge…

Évidemment, beaucoup d’émotions dans ce film qui plonge directement dans la violence, la vulnérabilité de ces « patients complexes », les questions angoissantes des parents sur leur avenir. Mais c’est drôle aussi ! Les séquences régulières autour de l’agenda partagé, les rendez-vous pour marier Bruno, le gâteau à l’ananas que la maman de Joseph confectionne à chaque visite… Et sur la fin, le spectacle de danse est profondément apaisant, lumineux, généreux. Le tout est extrêmement bien filmé, comme par exemple, les images de la scène de poursuite en ouverture…

Outre le jeu, l’humaine pâte cousue sous son meilleur jour, le film pose la question de la charité dans un monde ultra sécuritaire et hygiéniste. Quand les services sociaux imposent leurs normes quelle place reste-t-il à l’imprévu, au cœur, à la bonne volonté ? Si dans le film, in extremis, l’association de Bruno échappe à la fermeture, combien de structures, d’initiatives passées au crible de l’administration ont dû fermer leurs portes laissant jeunes, malades, personnes âgées sans soutien ou pire, dans des lieux certes confortables mais dénués d’âme. D’âme, heureusement, ce film en regorge…

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2 commentaires sur “Ciné/Hors normes

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  1. Une belle épaisseur humaine !!! Tout est dit !!! Et bien dit !!! Dans cette époque fugace diaphane et virtuelle où nous les vieux cons nous lamentons de cette société évanescente barbe à papa fuyante virtuelle individualiste mon cul ma gueule
    J ai adoré ce film ! Parce que c’est un vrai bon film qui pourrait presque redonner foi en l’Humain s’il était encore temps…

    J’aime

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